
Mirage que ressasse
La vague bleue des nuits,
Miroitante et tenace,
La vague qui séduit ;
Visage qu’en silence,
Je trace d’une main,
Conjurant son absence
Dans le cri du matin ;
Visage qui me rêve,
Envers et contre moi,
Sans répit ni sans trêve ;
Visage de sous-bois…
Une moire le lave,
Qui le fait incertain ;
Et sans nom, mais suave,
Aux yeux adamantins,
Aux lèvres qui appellent
Du revers de l’écran,
Aux lèvres qui épellent
Les trilles du printemps :
Celui d’une autre vie
Que je n’ai pas vécu,
Offrande inassouvie
Pour un rêveur déchu.
Visage qui s’allume
Comme un nuage blanc,
Dans les pensées qu’écument
Des songes nonchalants ;
Visage qui s’épanche,
Comme à la mer le feu
D’un soleil de pervenche,
Dans l’après-midi vieux.
©Bruant d’Almeval 2022